Le psoriasis concerne près de 2 à 3 % de la population en France. Cette maladie inflammatoire cutanée chronique, souvent invalidante, pèse lourdement sur le quotidien des patients. Des traitements locaux et généraux existent, et les équipes officinales ont un rôle de proximité essentiel à jouer. Mais comment conseiller correctement un patient ? Quels traitements sont possibles ?
- Quels sont les types de psoriasis et leurs manifestations ?
- Quels impacts sur la qualité de vie du patient ?
- Comment le pharmacien peut accompagner un patient atteint de psoriasis ?
- Comment aider à la gestion et au suivi du traitement du psoriasis ?
- Quels dispositifs d’accompagnement en pharmacie ?
Quels sont les types de psoriasis et leurs manifestations ?
Le psoriasis en plaques représente la forme la plus fréquente (environ 80 % des cas). Il se manifeste par des plaques rouges bien délimitées, recouvertes de squames blanches, qui siègent le plus souvent sur les coudes, les genoux, le cuir chevelu ou le bas du dos.
Mais certaines localisations, dites particulières, sont à la fois plus difficiles à traiter et plus impactantes sur la qualité de vie : psoriasis des mains, des pieds, des plis, du visage, du cuir chevelu ou encore génital. Des zones sensibles, visibles ou douloureuses qui complexifient la prise en charge et renforcent le retentissement psychologique.
Les autres formes cliniques du psoriasis :
- Psoriasis en gouttes : il touche surtout les enfants et les jeunes adultes, souvent à la suite d’une infection ORL. Il se présente sous forme de petites lésions rouges, rondes, peu épaisses, disséminées sur le tronc et les membres.
- Psoriasis pustuleux : forme rare, marquée par l’apparition de pustules stériles (remplies de pus non infectieux), soit localisées aux paumes et aux plantes (forme palmo-plantaire), soit généralisées à l’ensemble du corps.
- Psoriasis érythrodermique : forme exceptionnelle mais grave, caractérisée par des rougeurs diffuses et une desquamation touchant plus de 80 % de la surface corporelle, avec un risque de complications systémiques (fièvre, frissons, fatigue intense).
- Rhumatisme psoriasique : environ 8 à 10 % des patients développent une atteinte articulaire inflammatoire, pouvant concerner les mains, les pieds, la colonne vertébrale ou le bassin.
Quels impacts sur la qualité de vie du patient ?
Le psoriasis ne se limite pas à des lésions cutanées. Les patients rapportent une douleur physique, des démangeaisons, une gêne fonctionnelle. À cela s’ajoute une souffrance psychologique, souvent liée au regard des autres : cette pathologie reste encore stigmatisée, mal connue et parfois confondue avec une maladie contagieuse.
Les gestes du quotidien peuvent devenir contraignants. Travailler avec un psoriasis des mains, par exemple, devient un défi. Sans compter la charge liée aux traitements topiques : appliquer plusieurs tubes de crème chaque jour, pendant des semaines, demande rigueur et motivation. Le suivi médical est, lui aussi, lourd, surtout en cas de formes sévères nécessitant des biothérapies et des rendez-vous réguliers de suivi.
Comment le pharmacien peut accompagner un patient atteint de psoriasis ?
À l’officine, le pharmacien est souvent un premier point d’appui. Son rôle : accompagner, informer, soutenir. Quelques axes d’intervention :
- Conseiller les produits adaptés : savons surgras, émollients, soins dermo-cosmétiques non irritants, photoprotection adaptée.
- Sensibiliser à l’exposition au soleil, bénéfique dans certains cas (avec prudence), et à l’importance de l’hydratation cutanée.
- Échanger sur le mode de vie : gestion du stress, arrêt du tabac, réduction de la consommation d’alcool, autant de leviers susceptibles de réduire les poussées.
- Repérer les signes d’alerte, les situations nécessitant un avis médical, et orienter vers un dermatologue si besoin.
- Instaurer une relation d’écoute, car les patients souffrent parfois en silence.
Santé Académie propose une formation complète sur la prise en charge du psoriasis à l’officine, pour mieux comprendre la maladie, ses traitements, ses répercussions, et renforcer vos compétences en accompagnement officinal.
Comment aider à la gestion et au suivi du traitement du psoriasis ?
Les traitements topiques (dermocorticoïdes, analogues de la vitamine D) demandent une explication claire, un usage précis et une bonne observance pour éviter les erreurs (surdosage, mauvaise application, risques d'inobservance liés à la corticophobie).
Dans les formes modérées à sévères, le pharmacien peut expliquer les traitements, informer sur les effets secondaires, rappeler les examens de suivi à réaliser, encourager l’adhésion etsoutenir le patient dans la durée.
Le succès du traitement repose sur une bonne observance, souvent difficile à maintenir en raison des contraintes liées à la prise des traitements et du caractère chronique de la maladie. Souvent très efficaces, les biothérapies permettent un blanchiment total de la peau pour de nombreux patients. Le patient ne doit pas oublier qu’il s’agit d’une maladie chronique. S’il arrête son traitement, les lésions vont réapparaître plus ou moins rapidement. Le pharmacien peut aider à la gestion et au suivi du traitement en :
- Expliquant clairement la posologie, la durée, la technique d’application et les effets secondaires attendus
- Adaptant les conseils selon la formulation (crème, pommade, lotion) et la zone à traiter.
- Proposant des solutions pour faciliter le quotidien (organisation du traitement, astuces pour l’application, choix de vêtements adaptés).
- Encourageant l’adhésion thérapeutique en valorisant les progrès, même modestes, et en maintenant un dialogue régulier.
Quels dispositifs d’accompagnement en pharmacie ?
Des campagnes telles que les « Points Conseil Psoriasis en Pharmacie » offrent un soutien concret : écoute, information, orientation vers des dermatologues, remise de brochures et de kits pratiques. Ces initiatives permettent aussi de rompre l’isolement des patients et de lutter contre l’errance thérapeutique, un tiers des patients n’ayant pas de suivi dermatologique régulier.
Le pharmacien peut également orienter vers des associations de patients (France Psoriasis) et rappeler l’importance d’un suivi médical, notamment en cas de signes d’aggravation ou d’atteinte articulaire.
Sources :