Il n’est pas rare, après une longue absence, de voir un professionnel de santé revenir au sein de son équipe avec mille questions en tête : la fatigue sera-t-elle supportable ? L’équipe a-t-elle changé ? Les protocoles ont-ils évolué ? L’entretien de retour au travail, mené par le cadre de santé, devient alors une étape décisive pour transformer ce moment d’incertitude en opportunité de reconstruction professionnelle. Mais comment le mener à bien ? Quelles stratégies adopter pour une réintégration réussie ?
- Comment préparer l’entretien de retour au travail en établissement de santé ?
- Quels sont les objectifs de l’entretien de retour au travail ?
- La posture du cadre : comment bien mener l’entretien ?
- La gestion des relations avec l'équipe après un retour d'arrêt longue durée
- L’accompagnement à long terme après la réintégration
Comment préparer l’entretien de retour au travail en établissement de santé ?
Un entretien réussi ne s’improvise pas. En amont, le cadre doit réunir tous les éléments nécessaires à la compréhension du contexte de l’absence et préparer à la fois le terrain managérial et la relation humaine.
Connaître l’historique de l’absence
Il ne s’agit pas d’obtenir des informations confidentielles ou médicales, mais de comprendre les grandes lignes de l’arrêt :
- sa cause (burn-out, pathologie, accident, problème personnel) ;
- sa durée ;
- son impact sur l’équipe et sur les missions du professionnel.
Anticiper les préoccupations du professionnel
Lors d’un arrêt long, nombreuses sont les craintes : crainte de ne plus être à niveau, peur du regard de l’équipe, appréhension face à d’éventuels changements. Le cadre doit se préparer à accueillir ces questionnements et à y répondre avec objectivité et bienveillance.
Prendre contact avant le retour
Un message, un appel ou un mail pour préparer la reprise permet de réinstaurer le lien, d’informer sur le déroulement du retour (visite médicale, planning aménagé, etc.), et de montrer au professionnel qu’il reste un membre à part entière de l’équipe. C’est le moment pour le cadre de santé de rassurer la personne qui revient, qu’elle compte et qu’elle est attendue.
Quels sont les objectifs de l’entretien de retour au travail ?
L’entretien de retour n’est ni un contrôle, ni un interrogatoire. Il poursuit plusieurs objectifs :
- Permettre au professionnel de s’exprimer sur ses ressentis et ses besoins.
- Faire un point sur son état de santé (toujours dans le respect du secret médical et sans jugement).
- Informer sur les éventuels changements : organisationnels, protocolaires, matériels ou humains.
- Construire ensemble les conditions d’une reprise adaptée, sécurisante et progressive.
- Rassurer, donner des repères, émousser les inquiétudes.
- Favoriser la reconstruction du lien avec l’équipe.
La formation Entretiens managériaux pour les cadres pour les établissements de santé outille précisément les encadrants pour mener ces entretiens structurés, authentiques et respectueux.
La posture du cadre : comment bien mener l’entretien ?
La réussite de l’entretien tient avant tout à la posture adoptée par le cadre. Celui-ci incarne à la fois la rigueur managériale et l’écoute active :
- Écoute active et bienveillance : accueillir avec empathie les émotions, les questionnements, parfois les doutes, voire les fragilités, sans jugement. Laisser le professionnel s’exprimer, pratiquer la reformulation, soutenir sans infantiliser.
- Confidentialité et respect : l’entretien doit avoir lieu dans un espace dédié, en tête-à-tête. Il n’a pas pour vocation de faire état de l’absence devant l’équipe ni de questionner les causes médicales précises, qui relèvent du champ privé.
- Neutralité : le cadre veille à ne pas projeter ses propres représentations ou à minimiser les difficultés rencontrées par le professionnel.
Chaque retour est singulier. Le cadre doit ajuster son accompagnement en fonction de la durée de l’arrêt, de la pathologie en cause et des conséquences sur la vie de l’équipe.
Dans certains cas, il sera nécessaire de coconstruire un plan de reprise progressif (formation de remise à niveau, réduction temporaire du temps de travail, affectation à des tâches moins exigeantes au début, etc.)
Au retour d’un arrêt long, il convient d’anticiper :
- Les éventuelles limitations fonctionnelles ou restrictions médicales.
- Le besoin de remise à jour sur les procédures et outils.
- La nécessité d’un accompagnement psychologique ou d’un soutien par un référent.
- L’intérêt de bénéficier de pairs mentors lors des premières semaines.
La gestion des relations avec l'équipe après un retour d'arrêt longue durée
Le retour d’un professionnel peut parfois susciter interrogations ou tensions au sein de l’équipe. Il appartient alors au cadre de prendre le temps de communiquer en amont avec l’équipe, sans révéler d’informations confidentielles, pour préparer le retour et valoriser la solidarité. C’est aussi le moment pour lui de valoriser l’effort collectif fourni pendant l’absence, sans stigmatiser le collègue de retour. Son rôle est de rassurer autant le soignant qui revient que l’équipe qui a su s’adapter durant son absence. Il doit pouvoir accompagner la redistribution des tâches ou les adaptations organisationnelles si nécessaires.
L’accompagnement à long terme après la réintégration
L’entretien de retour ne constitue que la première étape. Un suivi dans la durée s’impose avec des points réguliers sur la période d’essai ou la reprise durant les trois à six mois qui suivent son retour. Ces derniers permettent de :
- Réajuster le planning ou les missions selon les retours d’expérience.
- Proposer des formations, si besoin d’actualisation professionnelle.
- Solliciter les ressources externes (médecine du travail, ressources humaines, etc.) en cas de difficultés persistantes.
Accompagner la réintégration d’un soignant en établissement après une longue absence, c’est bien plus que rétablir une présence : c’est savoir recréer du lien, restaurer la confiance, sécuriser les parcours, et préserver la santé de l’équipe dans son ensemble.
Cet article a été validé par des professionnels de santé et vérifié par des sources sûres au moment de sa publication. Il ne prétend cependant pas à l’exhaustivité des informations fournies. Le présent article n’a qu’un but informatif et ne remplace pas une formation ou un conseil médical.